[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]La réduction sensible du cheptel de cerfs en Estrie et en Montérégie a déjà des conséquences économiques, notamment sur l'organisme CerfChasse, qui a dû cesser ses activités.
Collaboration spéciale André-A. BellemareAndré-A. Bellemare
Dix ans après sa création, l'organisme CerfChasse (
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - inventé pour faire le lien entre les propriétaires de forêts privées de l'Estrie et les chasseurs de chevreuil désireux de louer les droits de chasse dans ces forêts-là - a cessé d'exister samedi. Le porte-parole de l'organisme, Martin Audet, m'a expliqué dans un courriel que cette décision avait été prise «en raison de difficultés financières persistantes».
En 2002, la création de cet organisme à but non lucratif était présentée comme une solution merveilleuse pour rendre les grandes terres privées de l'Estrie plus accessibles aux chasseurs. C'est la Société gouvernementale de la faune et des parcs du Québec, ainsi que la Fédération québécoise de la faune (devenue la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs), de concert avec la Société d'aménagement de l'Estrie, qui avaient créé ce Comité d'encadrement de la récolte faunique, de coordination, d'harmonisation de l'accessibilité et de sensibilisation à la sauvegarde des écosystèmes (CerfChasse).
L'UPA a tué la poule...
Des analystes de la gestion de la chasse dans les régions du sud et de l'ouest du Québec croient que l'Union des producteurs agricoles (UPA) a tué la poule aux oeufs d'or - c'est-à-dire l'importante population de chevreuils - à force d'exagérer les dommages que ces cervidés pouvaient causer aux champs cultivés : depuis une décennie, politiciens et hauts fonctionnaires ont appliqué un train de mesures draconiennes pour réduire de moitié le cheptel de cerfs en Estrie et en Montérégie! Pourtant, certains propriétaires de forêts privées, aussi membres de l'UPA, comptaient sur la location des droits de chasse du chevreuil à des adeptes pour compenser la baisse d'exploitation et la chute des prix...
Il est de notoriété publique que les gros producteurs agricoles louaient leurs terres à fort prix, sans intermédiaire, tandis que les petits exploitants de forêts privées, ainsi que les membres de groupements forestiers coopératifs, eux, misaient sur CerfChasse. Mais, moins de chevreuils, moins de clients pour l'organisme...
Lorsque CerfChasse s'est mis à péricliter, c'est le Groupement forestier coopératif du Haut-Saint-François qui l'a maintenu à flot en engageant Martin Audet pour en continuer la gestion. Le gouvernement provincial et ses partenaires du début ne semblaient plus intéressés à s'occuper de leur créature, pourtant si désirée et si vantée au départ.
Une question qu'on peut se poser : pourquoi les «créateurs» de CerfChasse ont-ils écrasé, au printemps de 2002, l'organisme Chasse & Nature Estrie (CNE), qui faisait exactement la même chose que CerfChasse, et qui fonctionnait à merveille? Serait-ce parce que CNE refusait d'accorder des privilèges à des petits caïds? Serait-ce parce que certains rêveurs pensaient que CerfChasse serait un nouveau Klondike? Le saura-t-on jamais?