Patrick Campeau
Après seulement deux ou trois tirs, l’utilisateur devait nettoyer son canon afin d’enlever tous les résidus.
Mathieu Racette est un ingénieur chimiste reconnu comme étant un grand spécialiste dans le domaine des propulsifs pour armes à feu de petit calibre. Il s’occupe de développer de nouveaux produits et procédés pour la firme General Dynamics, située à proximité de Valleyfield, au Québec, afin de répondre aux besoins du marché.
À titre de chasseur depuis près de trois décennies et dans le cadre de ses fonctions, il a tiré avec tous les types de calibre. Dans ses temps libres, il pourchassait les cerfs de Virginie avec sa carabine à poudre noire et il trouvait totalement inacceptable et inconcevable que ce type de propulsif produise une telle quantité de saleté. Il faut savoir que les poudres traditionnelles pour ce type d’arme génèrent de 30 à 50 % de résidus solides. Ce qui est malheureux, c’est que ces derniers ne participent pas du tout à la propulsion, ils ne brûlent pas complètement et en plus ils souillent les canons.
Un défi de taille
L’ingénieur chimiste s’est donc affairé à développer un nouveau propulsif qui brûlerait totalement lors des mises à feu tout en offrant les mêmes avantages balistiques. Son défi avait été relevé en vain par plusieurs autres entreprises professionnelles au fil des dernières décennies.
Il fallait donc qu’il découvre une combinaison de matériaux énergétiques qui se consumerait complètement. Il a fallu près de six ans, à temps partiel, à M. Racette et à ses confrères pour élaborer la recette parfaite. Le produit qu’il a inventé est la fameuse poudre BlackHorn 209 commercialisée par la firme Western Powder Company.
Ce sympathique ingénieur ne veut pas élaborer plus en profondeur avec des détails trop complexes et scientifiques. Comme il le dit si bien, l’important à retenir, c’est que grâce à la pleine combustion, la variation des vitesses, d’un coup à l’autre, est constante, occasionnant ainsi de meilleurs groupements.
M. Racette a bien voulu donner quelques trucs aux lecteurs du Journal pour qu’ils obtiennent le meilleur rendement possible avec leur arme à poudre noire.
Propulsif
Dans un premier temps, il faut que la poudre, comme la plupart des gens la surnomment, soit bien scellée au fond du canon.
Pour y arriver, il faut un projectile qui épouse parfaitement le diamètre du canon et qui confine bien le propulsif. Ainsi, il n’y aura pas de gaz qui s’échapperont de chaque côté du boulet, par les rainures du canon.
En fait, plus le projectile est difficile à insérer, meilleur sera le regroupement, car cela favorise l’uniformité et la combustion complète. Un boulet trop petit ne créera pas suffisamment de pression qui occasionne l’accélération.
Amorce
Optez pour le modèle le plus puissant, afin d’avoir une ignition complète et instantanée des propulsifs.
Il faut également savoir que plus l’amorce est longue, plus elle sera près de la culasse, augmentant ainsi sa capacité à sceller les gaz. Une bonne amorce empêchera toute fuite et orientera la pression vers la poudre. Si elle est trop courte, elle peut reculer et s’appuyer sur la culasse. Un bon truc pour savoir si sa taille est adéquate, consiste à la regarder après un tir. Si elle est toute noire, cela signifie qu’elle n’a pas pu retenir les gaz.
Pour sa part, Mathieu utilise les amorces CCI 209M et les Winchester Shot Shell Primer. Il s’agit des mêmes produits qu’on retrouve dans plusieurs types de cartouches de calibre 12.
À éviter
Il est important de vider complètement la charge et de la remplacer dès qu’on a un doute que l’humidité a pu l’affecter. À la fin de la journée, Mathieu suggère de retirer les propulsifs. Souvenez-vous que de sortir votre arme d’un environnement chaud à froid, comme d’une voiture ou d’un chalet, à l’extérieur, génère quasi automatiquement de la condensation, qui risque d’affecter la poudre. Le propulsif est affecté par l’eau ou l’humidité. Il absorbera ce type de liquide et ne l’évacuera pas. Bien qu’il ne soit pas hygroscopique (ou si vous préférez qui n’absorbe pas l’humidité contenue dans l’air), il demeurera imprégné de ces derniers. La poudre dans le contenant ne risque pas d’être affectée de la sorte. C’est plutôt lorsqu’elle est dans la chambre de combustion, qui est en fait un endroit non étanche, que ses qualités d’ignition dégradent, lorsqu’elle est en contact avec l’eau.
Il ne faut jamais excéder les quantités de propulsif pour des raisons évidentes et pour éviter les surpressions dans le canon. Évitez également les combinaisons douteuses de projectile et de poudre. Fiez-vous plutôt aux recettes existantes.
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