Le Journal du Loup de mer: Ti-Trou la rescapée
Par Stephane Villemure le 11 août 2011
Catégorie: Photos et vidéos > Chasse Chevreuil
La véritable mascotte et héroïne de Chicotte est sans contredit Ti-trou! Cette jeune femelle est la petite-fille de Grand-mère, que j’ai élevée depuis ses premiers pas autour de l’écurie alors qu’elle portait sa petite robe tachetée! Elle est particulièrement amicale. Elle n’avait aucun signe vraiment distinctif, outre son attachement pour les humains.
Il y a environ 4 ou 5 ans, j’arrivais le premier à Chicotte avec les chevaux, en juin. Elle entendit le bruit du camion et de la remorque et s’approcha, reconnaissant ce bruit familier. Je la vis s’approcher tranquillement près de l’écurie, arborant sa robe d’hiver pendouillante à cause de la mue. Je lui parlai doucement, elle me reconnut, s’approcha de moi, et senti ma main tendue : Salut ma belle, dur hiver? Je vais te gâter !
Puis elle se tourna, m’offrant son côté droit, vision d’horreur! Un trou béant dans le flanc, grand comme une assiette à tarte, la peau déchirée et pendante, me laissant voir 5 côtes dont deux fracturées. Elle respirait péniblement et je pouvais entendre l’air s’échapper de l’ouverture entre les côtes brisées… Mon analyse fut rapide et le diagnostique tomba rapidement: Je devais l’abattre pour abréger ses souffrances, elle ne s’en remettrait jamais… Je courus vers le camion pour prendre ma carabine, et la cherchai dans les herbes longues derrière l’écurie. Je l’aperçue, mirai la nuque avec un pincement au coeur, j’allais appuyer sur la détente quand je perçu un mouvement sous elle. Deux petits faons la tétaient… Non, je ne peux pas l’abattre et laisser mourir ses petits. Je baissai mon arme et décidai de la laisser nourrir et peut-être sauver ses petits. Elle mourrait sûrement ensuite de cette blessure affreuse, ou d’infection!
Je lui prodiguai tous les soins qui étaient à ma disposition, comme de lui mélanger un antibiotique provenant de ma pharmacie pour chevaux avec de la moulée me restant de l’année précédente. Elle était très amaigrie de l’hiver, de sa blessure et de l’allaitement. Je ne croyais vraiment pas qu’elle s’en sortirait, mais c’était sans compter sur son courage et sa ténacité… Les jours passaient et elle dévorait cette mixture apaisante, puis les autres employés arrivèrent, la gâtant de tous les restes récupérés, puis les touristes firent de même, tout le monde voulant la sauver!
Les semaines passaient, elle n’engraissait pas mais la plaie se refermait tranquillement. Ce grand lambeau de peau pendante m’inquiétait mais il se résorba finalement de lui-même: Peut-être mangeait-elle l’extrémité nécrosée au fur et à mesure?
Après plusieurs semaines, je pris confiance qu’elle passerait à travers l’été, mais sûrement pas de l’hiver prochain. Elle allait mieux, ses yeux étaient plus clairs, elle trottinait même pour venir chercher sa médication malgré que ses côtes ne s’étaient pas soudées. À chaque pas, elles frottaient une contre l’autre! La peau pendante s’est complètement résorbée, et une peau noire refermait tranquillement l’ouverture mais l’évolution s’arrêta quand la plaie atteignit la grosseur d’une orange.
Que se passait-il, ça allait si bien? Un soir où je lui donnais quelques gâteries de la galerie du camp, haute de 4 marches, je la fit travailler un peu pour quelle vienne les chercher pour voir son état de force. Elle monta courageusement les marches et c’est à ce moment que j’entendis un son étrange provenant de l’intérieur de la plaie, et une grande quantité de pu s’en échappa! C’était donc ça, un abcès s’était formé à l’intérieur et ne pouvait s’écouler, empêchant la plaie de se refermer! Je commençai alors ce que j’appelais ses séances de physiothérapie, la faisant monter quotidiennement les marches du camp jusqu’à ce que plus aucun pu ne s’échappe de la plaie. Puis la guérison se poursuivit, et la plaie se referma tranquillement.
À l’automne, la plaie s’était complètement refermée mais on pouvait voir la terrible cicatrice, ainsi qu’une profondeur où les côtes étaient cassées. Elle a sauvé ses faons, et depuis ce jour, elle me ramène un à deux faons tous les ans. C’est une battante, elle traverse les hivers courageusement et vient nous acceuillir tous les printemps!
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