[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Depuis juin, Julien Pelletier a créé, à l'aide de sa broyeuse, de nouveaux sentiers longs de centaines de kilomètres dans des secteurs d'Anticosti, pour faciliter l'existence des chasseurs de chevreuil.
Collaboration spéciale André-A. BellemareAndré-A. Bellemare
(Québec) Chaque année, en moyenne, 9000 cerfs sont récoltés durant la chasse dans l'île d'Anticosti, ce qui représente 6 % du cheptel, qui croît à un rythme bien plus élevé que la récolte. La chasse a une incidence relativement mineure sur la quantité de chevreuils qui vivent là : ce sont surtout les abondantes averses de neige survenant à la fin de l'hiver et au début du printemps qui déciment les hardes de cervidés d'Anticosti. La moitié de ces 9000 cerfs récoltés sont abattus le long des chemins sillonnant l'île et dans les bûchés.
Une étude faite dans l'île par l'Université Laval ces dernières années a prouvé que 26 % des cerfs abattus l'ont été le long de routes, qui ne constituaient que 1 % de l'aire étudiée, tandis que 27 % l'ont été dans les bûchés, qui ne représentaient que 3 % des lieux étudiés. Les chasseurs recherchent les endroits bien dégagés pour y déceler la présence des chevreuils.
C'est ce qui a incité la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) à réaliser un mégaprojet d'aménagement des bords des chemins de l'île, pour que les chasseurs puissent apercevoir plus de chevreuils, ce qui pourrait accroître leur succès. Entre autres gestes, la société d'État a acheté une machine servant à couper, à déchiqueter et à broyer arbustes et arbres d'un gros diamètre pour dégager les bords de route sur 700 km de long.
Michel Fournier, l'actuel directeur de la réserve faunique de Rimouski du gouvernement pour la SEPAQ, en a rêvé pendant des années alors qu'il était directeur de l'île d'Anticosti. C'est Pierre Pitre, le nouveau directeur, qui réalise aujourd'hui ce rêve.
Meilleure vision
La puissante machine peut gruger le rideau végétal bordant les routes sur des kilomètres quotidiennement, donnant une bien meilleure vision sur la forêt mature située derrière, là où circulent les chevreuils. Les cerfs sont aussi attirés par la végétation broyée le long des chemins. La SEPAQ y ensemencera aussi des graminées pour attirer encore plus les cervidés. L'imposante machine, conduite par Julien Pelletier, de Sainte-Perpétue-de-l'Islet, est aussi utilisée pour créer de nouveaux sentiers et «ouvrir» des clairières. Les scientifiques jugent que les chevreuils d'Anticosti - introduits il y a 115 ans - sont en surabondance?: ils souhaitent qu'on applique une panoplie de moyens pour réduire et stabiliser la population, pour que les cerfs cessent d'y dénaturer la forêt en la dévorant.
La SEPAQ a donc tout intérêt à ce que les chasseurs voient plus de gibiers : plus de chasseurs auront le goût de fréquenter l'île, ce qui augmentera les revenus de la société d'État et accroîtra les retombées économiques à Port-Menier, qui en a bien besoin.
En plus d'assurer la sécurité de toutes les personnes circulant dans les routes et les chemins d'Anticosti, ces travaux - qui dureront au moins sept ans - seront aussi appréciés des milliers de chasseurs vieillissants qui fréquentent l'île. J'ai constaté, cette semaine, qu'il n'y a rien de plus facile et de plus agréable que de circuler sur le «tapis végétal» créé par la machine : la route à suivre est toute tracée en forêt, et les obstacles sont aplanis ou éliminés.
Le temps ou jamais d'y aller
Les averses tombées dans l'île d'Anticosti durant le printemps et l'été y ont favorisé la croissance de la végétation. Les chevreuils ont eu de la nourriture en abondance et ils sont maintenant gras à fendre.
Les derniers hivers n'ont pas été très mortels pour les cerfs, surtout pour les mâles adultes qui sortent habituellement amaigris de la période de rut : les récents automnes doux et les récents hivers tardifs et cléments ont permis aux mâles de bien s'en tirer, et aux jeunes cerfs de croître. Les chevreuils mâles sont actuellement très nombreux.
C'est le temps ou jamais d'aller y chasser. D'autant plus que, depuis trois ans, de nombreux clients de l'île venant des États-Unis ont abandonné Anticosti ; la dévaluation du dollar états-unien, ainsi que la récession favorisent les chasseurs québécois.
Les chasseurs états-uniens avaient l'habitude de réserver leur place de l'année suivante dès qu'ils quittaient Anticosti après y avoir séjourné : certains d'entre eux y sont retournés chaque année depuis des décennies, et les Québécois ne pouvaient alors occuper toutes les places désirées.
Cet obstacle n'existe maintenant plus. Si vous téléphonez à la SEPAQ Anticosti, on vous confirmera que des places sont encore libres pour la chasse de cette année - et des années futures! - aux meilleurs endroits et aux meilleurs moments de la saison : 1 800 463-0863. À vous d'en profiter.
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