[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]La bernache du Canada fait partie des oiseaux les plus populaires pour les ornithologues. On aime l'observer, mais dans certains coins de la planète, elle est devenue l'ennemie publique numéro un.Jacques Samson
(Québec) S'il n'en tient qu'à un certain nombre de biologistes, il faudrait tuer des milliers de bernaches du Canada qui séjournent dans l'île de Vancouver. La bernache est montrée du doigt comme étant responsable de
la destruction de son propre garde-manger et de celui de plusieurs autres espèces.
Les bernaches du Canada sont devenues tellement nombreuses qu'elles ont éradiqué certaines plantes, modifiant ainsi de façon catastrophique leur habitat. En réaction, la nature s'est transformée et, maintenant, crustacés, insectes, vers, oiseaux et mêmes saumons en souffrent énormément.
Ce phénomène n'est pas unique à la bernache du Canada. On le retrouve chez d'autres espèces qui habitent la planète. Pensons aux grandes oies des neiges, dont la population a littéralement explosé malgré toutes les formes de contrôle imaginées et qui détruisent petit à petit leurs sources d'alimentation traditionnelles. Le long du Saint-Laurent, il y a des endroits où le scirpe, cette plante de prédilection pour les oies, a presque totalement disparu.
La grande oie des neiges a modifié ses habitudes alimentaires en envahissant maintenant les champs de culture comme le maïs, causant un tort irréparable à l'agriculture.
On pourrait aussi citer comme autre exemple le cerf de Virginie, tellement abondant sur l'île d'Anticosti qu'il arrive de plus en plus difficilement à trouver sa pitance. Les cerfs grugent littéralement la forêt anticostienne, de telle sorte qu'on a dû construire ce qu'on appelle là-bas des exclos pour contenir les cerfs en dehors des zones protégées et donner une chance à la nature de se régénérer.
Revenons à nos bernaches. En plus de détruire leur habitat, ces grands oiseaux envahissent les parcs, les terrains de golf, les propriétés privées et y laissent des fientes en quantité industrielle. Ce qu'on considérait comme de belles petites bernaches il n'y a pas si longtemps est devenu l'ennemi public numéro un.
On parle pour le moment d'abattre environ 15 000 bernaches, mais le nombre pourrait atteindre des proportions gigantesques. Cet abattage ne concerne qu'un petit secteur de l'île de Vancouver, mais le problème se répercute à la grandeur du territoire.
Il n'y a pas si longtemps, les bernaches ont été l'objet d'un véritable carnage aux États-Unis, une situation qui a soulevé tout un tollé. La même chose se dessine ici au Canada. Des milliers de défenseurs des animaux se manifestent quotidiennement et les propos sont souvent violents. Pour ne citer qu'une seule intervention, disons qu'une dame suggère plutôt d'éradiquer les humains qui, pendant des dizaines et des dizaines d'années, ont pollué les rivières en y déversant leurs égouts.
C'est un débat qui soulève grandement les passions. Il y a d'un côté les scientifiques qui cherchent à rétablir un équilibre dans la nature, et de l'autre tous ces gens qui refusent catégoriquement qu'on touche une seule plume d'un oiseau.
Que faire? Laisser aller les bernaches dans leur oeuvre destructrice et voir ainsi disparaître de nombreuses espèces tributaires de cette chaîne alimentaire, ou freiner le processus en les condamnant à mort?
Difficile de trouver un juste milieu dans tout ça.